Paranoia (Death Valley)
Der leere Raum ist, zumal unter den apparativen Koordinaten der Kamera, nie wirklich leer. Er wird als leerer erst denk- und sichtbar, wenn uns räumliche Rahmenbedingungen im Lauf der Zeit ein fundamentales Fehlen vermitteln, das den gesamten Raum infiziert. Außerdem ist selbst im "leersten" Raum immer schon jemand anderer – die Kamera – gewesen, die gesehen hat. Du bist nie allein.
Miriam Bajtalas Paranoia (Death Valley) inszeniert eine eigentümliche Verfolgungsjagd zwischen Kamera und Subjekt an einem verlassenen Weiler inmitten des kalifornischen Death Valley: Eine Frauenfigur flüchtet vor der Kamera, verschwindet plötzlich, worauf das Kamerasubjekt – ein durchaus liebenswertes, zeitgerafft dahinwatschelndes Etwas – ihr durch die pittoreske Geisterstadt dorthin folgt, wo die Dame verschwunden ist. Die Figur taucht wieder auf, flieht, die Kamera ihr hinterher usw. So wird der Raum zum narrativen Ort, zum verdächtigen Schau-Platz, der sich mit Phantomen aus der Zeit füllt: Die Frau wird hier gewesen sein. Der gesamte Ablauf wiederholt sich einmal, öffnet sich hin zur geloopten Unendlichkeit, doch Bajtala lässt ihr filmisches adventure game schon vorher enden, ohne dass die Verfolgerin die Verfolgte je erwischt hätte. Tragisch: Der Ort der Figur dort und der Ort der Kamera hier – unser Ort – können nie zur Deckung kommen.
Paranoid und gespalten ist daher auch unser Verhältnis zum Setting: die primäre Identifikation über die Kamera und die sekundäre Identifikation der Frau im Raum machen uns auf unheimliche Weise bewusst, dass wir nie bei uns und immer schon daneben waren. Eben das meint Para-Noia: Neben-Denken. (Michael Palm)
Paranoia (Death Valley) (Texte français)
L'espace vide, ne serait-ce que du fait des données apparatives de la caméra, n'est jamais vraiment vide. Pour être concevable et visible en tant que vide, il faut qu'au fil du temps, les paramètres spatiaux nous fassent ressentir un manque fondamental qui contamine l'espace entier. En outre, même dans l'espace « le plus vide », il y a forcément déjà eu une présence autre la caméra qui a vu. On n'est jamais seul.
Paranoïa (Death Valley) de Miriam Bajtala met en scène une étrange course-poursuite entre caméra et objet, dans un hameau désert en pleine Vallée de la Mort californienne : un personnage féminin fuit devant la caméra avant de disparaître brusquement, la caméra-sujet une drôle de chose, plutôt attachante, qui se dandine en accéléré se lance alors à sa poursuite à travers cette ville fantôme pittoresque jusqu'à l'endroit où la femme s'est volatilisée. Celle-ci réapparaît, prend la fuite, la caméra la poursuit, et ainsi de suite. L'espace devient ainsi lieu narratif, théâtre équivoque habité par les fantômes du temps : la femme sera passée par là. Cet enchaînement se répète une fois encore dans son intégralité, s'ouvrant sur l'infini en boucle, mais Bajtala interrompt son adventure game cinématographique avant que la poursuivante ne parvienne à attraper la pousuivie. Constatation tragique, l'emplacement du personnage là-bas et l'emplacement de la caméra ici notre emplacement ne coïncident jamais.
D'où le caractère paranoïde et ambigu de notre rapport à la situation : l'identification primaire avec la caméra et l'identification secondaire à la femme dans l'espace nous font réaliser de façon inquiétante que nous n'avons jamais été en nous, mais toujours à côté de nous-mêmes. C'est bien ce que signifie para-noïa : penser-à côté. (Michael Palm)
Traduction: Françoise Guiguet
Paranoia (Death Valley)
2005
Österreich
5 min 30 sek